Pic de Rochelaire, Tête de Vautisse et Crète de Rougnoux

Et si on faisait 3 sommets a plus de 3000 hors sentier ?!

Pic de Rochelaire, Tête de Vautisse et Crète de Rougnoux
Vue panoramique depuis la Tête de Vautisse
  • Difficulté: Moyen (E5/T5/R4)
  • IBP: 169 HKG
  • Dénivelé: Inconnu m
  • Distance: Inconnu km
  • Durée de marche: Inconnu
  • Altitude mini : Inconnu m
  • Altitude maxi: Inconnu m

Quoi de plus ennuyeux que des vacances à passer seul… Et quelle meilleure occupation qu'une bonne grosse rando?! Et pourquoi pas refaire la Tête de Vautisse?
Et pourquoi pas faire plusieurs 3 000.... ?
En voilà une bonne idée !


L'idée était de pouvoir refaire la Tête de Vautisse qui procure une vue sensationnelle sur des centaines de kilomètres à la ronde, mais cette fois-ci, en faisant d'autres sommets afin de faire une grande boucle. Après des recherches sur internet, mais surtout sur la carte, je constate qu'il y a 3 départs possibles, la Cabane de l'Alp (44.686601, 6.541211), la Cabane de Tramouillon (44.709657, 6.541348) et le Lauzet (44.734363, 6.503207).

Au départ de la Cabane de l'Alp, aucun sommet n'est sur le chemin à l'aller ou au retour, il est impossible de faire une jolie boucle. Au départ de la Cabane de Tramouillon, il y a bien la Crète de Rougnoux, mais c'est tout. Alors qu'à l'ouest de la Tête de Vautisse se trouve le Pic de Rochelaire, accessible par un col situé entre ce dernier et le point culminant de la randonnée (la Tête de Vautisse).

C'est décidé, le trajet sera donc Pic de Rochelaire (3 108 m) - Tête de Vautisse (3 156 m) - Crète de Rougnoux (3 003 m) et retour à la voiture par le Col de Val Haute (2 517 m). Cet itinéraire est à 75 % hors sentier, et à 10 % sur des sentes fugaces.


Il est presque 7 h du matin, après une heure de route, je traverse le Pallon (hameau de Feissinières) et m'engouffre une fois de plus dans la vallée de Dormillouse où coule la Biaysse. Après quelques minutes, je bifurque à droite pour traverser un pont en bois puis emprunter une piste. Le GPS m'annonce plus de dix kilomètres de piste forestière. Après une petite demi-heure de piste, j'arrive sur le parking du départ. Une fois la voiture stationnée, je peux profiter d'une vue à couper le souffle sur les sommets alentours et notamment les objectifs du jour.

Crète de Rougnoux (3 003 m), Tête des Lauzières (2 680 m), Tête de Vautisse (3 156 m) et Pic de Rochelaire (3 108 m)

La randonnée commence par une descente douce sur une piste longue de deux kilomètres jusqu’à l'arrivée aux Cabanes de Sellar où une légère pente commence. Cette pente se termine au pied des Lauzières d'Août et à la fin de la piste forestière. À partir d'ici, la partie "hors sentier" de l'aventure commence. Voilà maintenant trois kilomètres et demi que je marche quand je décide de partir sur le flanc gauche du fond de vallée. Je laisse les Lauzières d'Août sur ma droite. La pente est raide, mais l'herbe y est moelleuse et épaisse. Sur le côté droit de la vallée, un troupeau en pâture se dissimule parfaitement dans une prairie inondée de soleil.

Le Piquet (2 750 m) et le Testas (2 488 m).

Au fur et à mesure que je continue de monter, l'herbe se fait de plus en plus rare et laisse place à des pentes en lauze instable et de piètre qualité. Au bout de six kilomètres, je débouche sur un replat depuis lequel je peux voir un vallon encaissé comblé en partie par une moraine. Le lit de ce vallon est uniquement rempli de blocs de pierre dont le plus petit approche facilement la tonne. Je remonte à présent la Montagne d'Août dans ce lit asséché en crapahutant de pierre en pierre. En continuant de monter, je m'approche du col entre la Pointe des Uvernaus (2 865 m) et le Pic de Rochelaire (3 108 m) situé à 2 784 m en laissant une immense moraine de Lauze très fine jonchée de gros blocs.

La Montagne D'Août et sa moraine.

Je laisse le col sur la droite et continue de monter en direction du col 2 978 m entre le Pic de Rochelaire et la Tête de Vautisse (3 156 m). J'abandonne ainsi les gros blocs du fond de la Montagne D'Août pour une pente raide de lauzes glissantes. Je rencontre, après sept kilomètres de marche, un très grand névé que je contourne par la gauche.

Le randonneur et son névé

Malgré beaucoup de précautions et un pas lent et assuré, cette pente avant le col est très dure. Je décide donc de ranger les bâtons et de passer en "quatre pattes motrices". Au bout de huit kilomètres, j'arrive enfin à ce col à 2 978 m.
J’entame directement la crête menant au Pic de Rochelaire. Cette dernière est longue et étroite, faite d'une mauvaise lauze cassante et friable et ses deux versants sont assez vertigineux. C'est alors lentement, mais sûrement, que j'arrive au Pic avant de faire rapidement le chemin inverse.

Vue depuis le Col 2978

Me voilà de retour au col. À présent, je dois emprunter la crête opposée, menant à la Tête de Vautisse. Elle parait déjà bien plus large et en une pierre plus solide et sûre. La marche se fait bien, mais à ce point les bâtons sont de nouveau superflus puisque tous les quinze mètres une saillie rocheuse m'oblige à un petit peu d'escalade.

Crète menant à la Tête de Vautisse

À présent, le soleil se fait haut dans le ciel, et la faim se fait ressentir. Sur plusieurs kilomètres, l'avancée demeure facile, mais ralentie par les passages nécessitant de grimper. La lauze est à présent de bonne qualité et je me sens plus en sécurité bien que je marche sur une arête avec plusieurs centaines de mètres de vide de chaque côté. Après dix kilomètres de marche, j'arrive à la Tête de Vautisse. C'est le point qui offre la plus belle vue de l'ensemble de la randonnée. De son sommet, je peux profiter d'un panorama imprenable sur le massif des Écrins, le Queyras, le Haut Ubaye, les Alpes Italiennes, les Pré-Alpes Française, etc.

Barre des Écrins

De nombreux sommets connus s'offrent à la vue comme

  • le Garlaban (715 m) près d'Aubagne,
  • le Mont Ventoux (1 909 m) dans le Vaucluse,
  • la Sainte-Victoire (1 011 m) surplomant Aix-en Provence,
  • le Mont Lozère (1 699 m) dans le sud-est du Massif Central,
  • le Serre de la Pialade (1 481 m) en Ardèche,
  • le Pic de Bure (2 708 m) dans le Dévoluy,
  • le Vieux Chaillol (3 162 m) dans le Champsaur,
  • la Pointe des Estaris (3 086 m) dominant la station d'Orcières Merlette,
  • le Sirac (3 441 m) séparant les vallées du Champsaur et du Valgaudemar,
  • les Bans (3 630 et 3 669 m) finissant la vallée du Valgaudemar,
  • la Barre des Ecrins (4 102 m), point culminant des Hautes-Alpes,
  • le Mont Blanc (4 807 m), sommet des Alpes Françaises.

Il est 12 h 30, après plus de dix kilomètres de marche, je profite d'être au point culminant de mon périple pour me restaurer. Au menu, cake au jambon et blette, pain de campagne, jambon cru, saucisson et Brie, de quoi bien se requinquer après avoir fait un peu plus de la moitié de la randonnée.

Le repas des champions

Une fois le plein fait, je repars cette fois-ci pour de la descente jusqu'au col 2 905 situé entre la Tête de Vautisse et la Crète de Rougnoux (3 003 m). Une fois n'est pas coutume, cette partie de la descente se fait sur un sentier bien signalé jusqu'au col. À partir du col, un raidillon hors sentier m'attend pour remonter la centaine de mètres de dénivelé me séparant de la Crète de Rougnoux. La montée se fait assez bien et les passages se trouvent facilement dans les quelques murs à grimper. Une fois au "sommet" de cette crête, une légère pente douce amorce la descente le long de la Crète de l'Homme et jusqu'au col de Val Haute (2 517 m).

Le cairn du "sommet" de la Crète de Rougnoux

Au fil de la descente, le doux relief se raidit et les pentes rocailleuses se transforme en des prairies verdoyantes remplies de fleurs et d'insectes. On peut repérer par-ci de l'Arnica et par là du Génépi. Quelques bouquets de Marguerites attirent des flopées de bourdons et des Céraiste à trois styles parfument l'air.

Arnica Montana et Céraiste à trois styles

J'arrive enfin au col de Val Haute, après quatorze kilomètres de marche. Je commence à sentir un peu de fatigue dans les jambes et à mesure que je descends la chaleur de la vallée se fait ressentir. Qu'est-ce qu'on est bien au frais à 3 000 mètres pendant la canicule ! Le paysage change et une fois de plus, sur un kilomètre environ à partir du col, je peux profiter d'une légère sente apparaissant et disparaissant parmi les herbes.

Roche Charnière

La fin de la randonnée se fait en longeant le versant ouest de la Tête du Gaulent (2 867 m) puis de l'Aiguillas (2 823 m) et enfin du Gourenq (2 708 m). Après quinze kilomètres, les réserves d'eau dans le sac se tarissent, mais une petite source glaciale se montre au bord d'un lit de ruisseau asséché. Après avoir refait le plein et m'être rafraîchi la tête dans la source, je repars pour les derniers kilomètres de marche jusqu'à la voiture.

Tête du Gaulent

En approchant de la voiture, je rejoins petit à petit des bosquets de résineux et la chaleur brulante qui remonte de la vallée. Je marche depuis maintenant plus de dix-sept kilomètres et je ressens beaucoup de fatigue dans les jambes, ainsi que des échauffements aux pieds et aux mains. Il me reste encore un petit effort à faire et j'aurais enfin bouclé ce grand tour.

Tête de la Canonnière (3 219 m), Pic Godefroy (3 192 m), Tête de Dormillouse (3 085 m) et l'Étoile (3 066 m)

Me voilà à la voiture, 9 h 30 après avoir commencé à marcher. J'ôte avec beaucoup de plaisir mes chaussures qui m'ont protégé de la dureté des lauzes, mais qui, avec la fatigue et la chaleur, apparaissent comme un poids à trainer, pesant et fatiguant.

Je viens de boucler un des plus beaux tours que je n'ai jamais fait et je suis fier de ce que j'ai accompli. Ce périple aura été pour moi une première petite incursion dans ce qui ressemblerait à de l'alpinisme tant dans le côté hors sentier que dans les petits passages touchant à l'escalade.

Ce soir, je vais bien dormir.